FAMA : perspectives sur la fabrication additive en Afrique

FAMA - Image via LinkedIn

La semaine dernière, les 28 et 29 octobre, l’organisation à but non lucratif FAMA (abréviation de Future of Additive Manufacturing in Africa), a organisé une conférence virtuelle sur la fabrication additive en Afrique. L’organisation rassemble une communauté panafricaine de professionnels de la fabrication additive qui partagent tous la même vision : sensibiliser, produire et promouvoir des normes, des aperçus, des rapports, des recherches et des réglementations pour une adoption et une mise en œuvre efficaces de la FA dans l’industrie manufacturière en Afrique.

La première édition de la conférence de FAMA a eu lieu l’année dernière au Nigeria, à Lagos. En raison de la pandémie de coronavirus, cette deuxième édition s’est déroulée de manière virtuelle, ce qui a permis à davantage de professionnels du monde entier de participer à la conférence. La conférence en ligne a réuni plus de 80 participants le premier jour et près de 60 participants le deuxième jour.

J’ai pu assister à la conférence le premier jour. Les sujets abordés ce jour-là ont permis de mettre en lumière les activités de fabrication additive en Afrique, le rôle de la FA dans la revitalisation du domaine médical dans les pays en développement, les différentes façons d’intégrer la fabrication additive dans une entreprise, ainsi que le développement intelligent de produits.

Si certains de ces sujets peuvent sembler similaires pour quiconque a déjà participé à des conférences sur la fabrication additive, il faut noter que, lorsqu’ils ont été abordés dans le cadre de la FAMA, ils ont apporté une perspective différente : les réalités du marché africain.

Activités de fabrication additive en Afrique

Cela fait quelques années maintenant que les scientifiques exhortent les entreprises et les industriels africains à se tourner vers la fabrication de produits hautement qualifiés pour favoriser une croissance durable. Pourtant, les entreprises qui ouvrent actuellement la voie à des innovations louables fonctionnent toujours dans l’ombre.

Hein Möller, co-fondateur de Tiziri, une société sud-africaine qui fournit des services de conseil en gestion de l’environnement, a présenté un aperçu des pays où des entreprises et des instituts de recherche développent des activités dans ce domaine.

Au premier rang de ces innovations se trouve l’Afrique du Sud. Cela fait déjà cinq ans que le pays, par l’intermédiaire de son association pour le développement rapide des produits, a exprimé le besoin d’une feuille de route nationale pour la fabrication additive qui guiderait les acteurs dans l’identification des opportunités commerciales, le comblement des lacunes technologiques, la mise en œuvre de programmes de développement et l’encouragement des décisions d’investissement qui permettraient aux entreprises et aux secteurs industriels locaux de devenir des leaders mondiaux dans certains domaines de la fabrication additive.

Si le défi actuel reste d’évaluer et d’améliorer une approche de mise en œuvre qui maximisera l’impact dans les plus brefs délais, il convient de noter que le pays se concentre actuellement sur les activités de R&D et explore les innovations médicales qui peuvent être rendues possibles grâce à l’impression 3D.

Rappelons l’initiative lancée par iMedTech pour les survivantes du cancer du sein, la récente collaboration entre Axial3D & MedTech3D pour apporter des « modèles imprimés en 3D abordables et de qualité » aux hôpitaux basés en Afrique du Sud ou l’opération révolutionnaire qui a permis à un patient de recevoir un os de l’oreille moyenne imprimé en 3D.

Viennent ensuite l’Égypte et le Maroc, pays d’Afrique du Nord. Ces pays ont été les pionniers dans l’établissement de laboratoires de recherche sur la FA dans leur région : l’Institut central de recherche et de développement métallurgique (CMRDI) ainsi que le centre de FA métallique de Thales pour le Maroc. Le Bostwana et le Cameroun suivent ces pays. L’année dernière, ces deux pays ont intégré la FA dans leur centre technologiques existant.

Le gouvernement camerounais a reçu des imprimantes 3D industrielles de la société technologique israélienne SELA Eductional Initiatives Limited pour renforcer son centre technologique. Le centre vise à encourager les activités de recherche et d’apprentissage ainsi qu’à soutenir les hôpitaux dans la production de prothèses, et les industriels dans leurs besoins de fabrication.

L’Institut de recherche et d’innovation technologique du Botswana a, quant à lui, lancé un projet visant à développer un écosystème de fabrication additive (FA) dans le pays.

Parmi les autres pays de la liste de Möller figurent le Togo, le Nigeria, la Tanzanie et le Kenya. Dans ces pays, l’innovation est stimulée par les makers qui développent des solutions d’impression 3D à partir de déchets plastiques, ou qui utilisent l’impression 3D pour la production de prothèses.

La fabrication additive au carrefour de la recherche médicale

image crédit: Imaginarium

L’utilisation de l’impression 3D/FA dans toute l’Afrique (sinon la plupart des pays africains) se situe actuellement entre la recherche médicale et sa mise en œuvre effective dans les hôpitaux.

En général, les problèmes des systèmes de santé observés dans les pays du monde entier varient d’un pays à l’autre. Cependant, pour les pays africains, le système de santé est très complexe et nécessite des solutions radicales avec des pensées et des stratégies innovantes pour sortir de l’impasse actuelle dans la prestation des services.

Si les ressources humaines, l’insuffisance des crédits budgétaires alloués à la santé, ainsi que les infrastructures sont souvent mentionnées comme les principaux défis du système de santé, la technologie offre aux entrepreneurs la possibilité d’entrer dans l’espace de la prestation de soins de santé en Afrique et un moyen d’influencer l’ensemble du secteur des soins de santé. C’était en tout cas l’objectif de la présentation du Dr James Mutu Mutajay, professeur au College of Engineering & Technology au Kenya.

Pour Mutajay, les défis auxquels sont confrontés les pays africains sont également des opportunités d’améliorer le marché actuel ; un marché qui est marqué par une demande croissante de produits médicaux personnalisés, un nombre croissant de chirurgies, ainsi qu’une prévalence croissante des maladies chroniques.

Pour le scientifique, l’expiration des brevets va propulser la croissance du marché et permettra d’explorer davantage la FA dans des domaines spécifiques. En parlant de l’environnement actuel global, il a déclaré :

« La capacité de concevoir et d’imprimer pratiquement n’importe quelle forme d’objet en utilisant un large éventail de matériaux tels que les métaux, les polymères, les céramiques et les encres biologiques a [déjà] permis l’adoption de la FA pour des applications biomédicales, tant dans le domaine de la recherche que dans le domaine clinique. »

Bien qu’il ait mentionné l’ingénierie tissulaire, la planification chirurgicale et la fabrication de dispositifs médicaux comme des domaines d’intérêt potentiels, les applications actuelles montrent que la fabrication de prothèses imprimées en 3D est pour l’instant l’une des applications qui a le vent en poupe.

L’expert a donc encouragé les experts de tous les domaines à s’engager dans la « recherche axée sur la demande » et dans ce qu’il appelle « l’innovation radicale« , non pas parce qu’ils sont payés pour cela, mais parce qu’ils le veulent, parce qu’il y a une possibilité de produire des solutions durables.

La bonne équation pour favoriser l’intégration de la fabrication additive en Afrique

Cette journée a également mis en lumière le point de vue d’Adi Diaz Nocera de LIFE SI sur l’impression 3D médicale, des conseils clés pour intégrer la FA de Kirk Rogers de The Barnes Global Advisors ainsi que des aperçus sur l’avenir de la fabrication de choses à l’aide des outils d’ingénierie d’Autodesk présentés par Julian Mbakwe et Brenda Livio.

A la fin de la journée, de nombreux outils et conseils ont été donnés, mais une question demeure : quelle est la bonne équation pour favoriser l’intégration de la FA en Afrique

Pour l’organisation panafricaine FAMA et pour les professionnels qui ont participé à la conférence, le mot clé reste « collaboration« . Si la collaboration a véritablement alimenté les progrès de la FA en Europe, aux États-Unis et en Chine, en Afrique, cette approche revêt une importance encore plus grande.

Cependant, comme l’ont mentionné les modérateurs Farai Mashambanhaka et Bosede Oyekunle, les pays africains ont également besoin d’un « programme éducatif structuré sur la FA, le transfert de connaissances, l’adaptabilité du matériel et l’accès au financement », éléments qui tiennent obligatoirement compte des réalités de chaque pays.

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