Nick Ervinck est un artiste de la région de Lichtervelde en Belgique. A travers ses études en architecture et en art, il explore les frontières entre différents médias. Afin d’explorer et surtout d’exploiter le potentiel esthétique de la sculpture, de l’architecture et du design, il apprend à penser différemment. Son ouverture d’esprit le conduit à l’impression 3D, une technique qui selon ses dires, lui a permis de réaliser des œuvres qu’il n’aurait réaliser autrement.
Tout en gardant un regard sur l’impression 3D dans l’industrie de l’art, aujourd’hui, il partage avec nous son expérience en tant qu’artiste.
Que peut-on savoir de plus sur vous et votre façon de travailler ?
La chose la plus importante que j’ai apprise d’un de mes professeurs est la capacité à penser différemment. Cela m’a permis d’être original mais surtout de développer un langage non-visuel, et je pense que c’est l’une des choses les plus difficiles à apprendre car on n’apprend pas dans un livre le bon goût et le mauvais goût, encore moins une bonne ligne visuelle...
Pour ce qui est de mon travail à proprement parler et du rapport avec l’impression 3D, je précise que je travaille beaucoup avec l’impression 3D mais aussi avec des techniques traditionnelles (fibre de verre, etc.)
Comment êtes-vous arrivé à l’impression 3D ?
J’ai reçu une invitation à faire une exposition au MoCA, Musée des Arts Contemporains de Shanghai. En tant que jeune artiste, je n’avais pas assez de budget pour payer le transport coûteux et d’autres éléments relatifs à ce déplacement.
Toutefois, j’ai eu l’idée de construire une sorte de rock futuriste, IKRAUSIM. J’ai été inspiré par le jardin de Yuyuan, situé sur les rives de la rivière Huangpu à Shanghai. J’étais fasciné par les structures fantaisistes des rochers. Les formes me rappelaient les sculptures de Henry Moore.
J’ai donc commencé à utiliser l’impression 3D parce que je n’avais aucune idée de comment je pourrais faire ma sculpture sans ce type de technologie. Mon idée était de complexifier mes dessins.
Vos créations sont-elles uniquement destinées à des expositions ?
Il faut savoir qu’en plus d’être un artiste, je suis aussi entrepreneur. L’impression 3D étant chère, il faut prévoir de l’argent pour payer tout le matériel et les services … Alors d’une part, je fais des pièces pour exposer, mais bien sûr, j’espère les vendre, et d’autre part, j’ai beaucoup de commissions qui proviennent des trophées que j’ai réalisés pour des compétitions. J’en ai réalisé pour un grand concours de bicyclettes par exemple, pour la Commission Européenne, et un autre concours en Angleterre. C’est ainsi que j’allie les commissions au travail gratuit.
Parlez-nous de deux sculptures imprimées 3D qui se sont révélées être un véritable challenge pour vous. Quels défis / difficultés avez-vous rencontré ?
La tête bleue avec les veines est la première, AGRIEBORZ. Il m’a fallu près de 6 mois pour la dessiner… J’ai dû convaincre les ingénieurs de l’imprimer. Les gens penseraient que je suis fou de concevoir une pièce pendant près de 6 mois sans savoir si c’est techniquement possible de la réaliser. Mais elle a finalement été exposée, et je recherche d’autres moyens de l’exposer de nouveau.
Chaque veine est environ de 2 ou 3 millimètres. Il serait impossible de sculpter cela au niveau manuel et la symétrie serait impossible avec une forme aussi complexe.
Alors cette année, je suis allé encore plus loin et j’ai fait une sculpture appelée NESURAK. C’est une sorte de sculpture de bloc latéral liée aux cultures Maya et Inka mais aussi à la culture pop. Elle ressemble à un grand puzzle réalisé avec l’impression 3D.
La pièce imprimée en 3D de 90 cm de hauteur est composée de 200 ou 300 parties. J’ai dû polir chaque pièce, puis les peindre en détails avant de les assembler. Il a fallu environ deux mille heures pour achever la post-production, mais cela vaut la peine de voir à la fin, la complexité et chaque détail qui marque la réalisation. Seul l’impression 3D donne la possibilité d’effectuer une telle réalisation.
Que pensez-vous de l’utilisation de l’impression 3D dans l’industrie de l’art ?
Je pense que pour l’instant, il serait difficile de réaliser une exposition avec 20 artistes qui présentent des projets réalisés uniquement avec l’impression 3D. Certes, elle occupe une place importante dans l’industrie de l’art ainsi que dans les domaines de la mode et de l’architecture puisqu’elle apporte de l’innovation.
Même si ma génération est réceptive à une communication dédiée à l’impression 3D, il faut dire que la plupart des écoles d’art n’enseignent pas encore les techniques d’impression 3D. Donc les gens connaissent l’art, d’autres connaissent le logiciel 3D mais il y a une combinaison rare de personnes qui connaissent les deux.
En tant qu’artiste, il est important de savoir ce qu’est une sculpture aujourd’hui, quelle sera la sculpture demain et comment on peut intégrer une valeur ajoutée à cela.
Qu’en est-il de vos perspectives de développement ?
Durant ces 3 ou 4 dernières années, j’ai collaboré avec Materialise et Stratasys, deux sociétés qui innovent constamment et mettent sur le marché de nouvelles plateformes d’impression 3D.
Je suis impatient de relever le défi que présentent ces nouvelles technologies et de créer des sculptures qui seraient impossibles à créer d’une autre manière.
Un dernier mot concernant votre travail ?
Je cherche toujours à construire le prochain projet et à penser différemment. Aujourd’hui, ma capacité d’adaptation s’est améliorée : je peux maintenant travailler aussi bien sur un projet que sur plusieurs projets simultanément.
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