Retour sur le 4ème Forum dédié à la Fabrication Additive de Berlin : Faits marquants, tendances et bilan

Une nouvelle vague d’entreprises dans la chaîne de valeur de la FA et l’importance des services connexes

Au milieu de plusieurs annulations et reports d’événements dus à la pandémie du Coronavirus, IPM AG, avec l’approbation de Neukölln, l’autorité sanitaire responsable basée à Berlin, a organisé la semaine dernière le 4ème Forum sur la fabrication additive.

Jusqu’au jour J, le scepticisme semblait avoir le dessus quant à la teneur de cet événement. Heureusement pour tous les participants, l’organisateur a réussi à faire de la sécurité une priorité absolue pendant l’événement : des désinfectants pour les mains étaient trouvés à tous les coins de couloir et entrée des salles de conférence, des affiches étaient placées partout pour rappeler aux gens de respecter la « politique de non-poignée de main » et les participants, consciemment ou inconsciemment, gardaient une certaine distance entre eux.

Bien que les numéros de stand n’étaient pas mentionnés (ce qui rendait un peu difficile de retrouver des entreprises), nous avons remarqué l’absence de quelques grands noms tels que Praxair, SLM Solutions, Siemens qui avaient retiré leur participation à l’événement à la lumière des récentes nouvelles concernant la pandémie. D’autre part, il convient de noter que cette 4ème édition a attiré plusieurs nouvelles entreprises du secteur – principalement des start-ups allemandes qui débutent dans l’industrie de la fabrication additive ainsi que des entreprises britanniques et australiennes de FA déjà établies sur le marché (par exemple : AMFG & SPEE3D).

Dans cet esprit, l’événement a accueilli divers profils intéressants en termes d’exposants :

Une nouvelle vague de sociétés de logiciels

Le choix de sa plate-forme logicielle peut être aussi intriguant que le choix des matériaux appropriés pour un processus d’impression. En effet, les entreprises doivent comprendre l’importance de chaque tâche dans un flux de production et le type de logiciel qui peut être utilisé à chaque étape (logiciel de conception et de CAO, logiciel de simulation, logiciel de flux de travail ou logiciel de sécurité/IP).

Parfois, elles peuvent avoir la chance de trouver une société de logiciels qui peut fournir une combinaison de divers produits. C’est en tout cas l’objectif d’ELISE GmbH.  La plate-forme ouverte d’ingénierie générative fournit une base solide aux opérateurs qui souhaitent exploiter des outils de modélisation et de simulation.

David Leidenfrost, l’un des développeurs de la société, nous a dit qu’ils travaillent depuis plusieurs années pour répondre à une seule question : « Comment donner aux ingénieurs les moyens de développer des structures complexes en peu de temps et de combler le fossé entre le développement et la production ? »

Sur base de diverses collaborations avec des entreprises automobiles et d’autres éditeurs de logiciels, ils développent une plateforme logicielle dont la force repose sur la création visuelle de flux de travail pour le développement automatisé de produits.

La start-up a obtenu 3 millions d’euros lors d’un tour de financement fin 2019 et se prépare à son lancement commercial officiel, prévu pour la fin de cette année.

Ils ne sont pas vraiment nouveaux sur ce marché, mais il est intéressant de noter à quel point Trinckle a amélioré sa plateforme paramate. Ce qui est intéressant avec cette plateforme de conception, c’est que le besoin d’expertise en CAO n’est pas obligatoire, comme si, au final, les algorithmes faisaient le travail de conception pour nous. Cet avantage augmente donc l’accessibilité de la plateforme à la fois pour l’utilisateur du produit de consommation final et pour l’industriel.

L’intégration de nouveaux types d’entreprises dans la chaîne de valeur de la FA et l’importance des services connexes

L’industrie de la FA ne comprend plus seulement les fabricants d’imprimantes 3D et leur réseau de revendeurs, les producteurs de matériaux, les plateformes logicielles et les fournisseurs de services d’impression 3D.

La 4e plateforme de fabrication additive a également mis en évidence l’essor des sociétés de conseil et des bureaux d’ingénierie dans cette chaîne de valeur, ainsi que l’importance des services connexes.

AMbitious, par exemple, une société de conseils qui opère principalement dans la région du DACH, est un bon exemple de ces nouveaux entrants. Cette société de conseils est une société de Toolcraft qui fournit des services de conseil aux entreprises qui souhaitent tirer parti de la technologie de fusion laser des métaux. Toute l’équipe parie sur cette technologie en raison de sa capacité à produire des structures légères complexes et efficaces, sans oublier que le procédé a obtenu les certifications Nadcap et TÜV SÜD. Un choix dont ils sont très fiers puisqu’ils ont récemment signé un accord de coopération avec Premium AEROTEC, une entreprise spécialisée dans la construction d’avions.

Vient ensuite FEM-Composites, une société basée à Hambourg qui se spécialise dans le développement et la conception de produits, avec un accent particulier sur les matériaux composites à base de fibres.

Une conversation avec Merlin Tamboula, CEO et fondateur de l’entreprise, a mis l’accent sur la demande croissante de matériaux composites à base de fibres dans divers secteurs, notamment l’aérospatiale, l’aviation, l’automobile, le ferroviaire et le maritime. Le petit bémol est que le traitement de ces matériaux peut être assez difficile car ils nécessitent une manipulation spécifique dans le processus de fabrication pour obtenir les propriétés souhaitées dans les pièces fabriquées. Plus important encore, ces segments nécessitent de plus en plus la production de structures légères qui sont idéalement produites à l’aide de technologies de fabrication additive.

Le rôle de FEM-Composites consiste donc, sans s’y limiter, à simuler l’utilisation de matériaux composites à base de fibres, et à prévoir les défauts qui pourraient survenir au cours du processus de fabrication, à analyser les propriétés de ces matériaux, en particulier leur résistance et leur rigidité dans la pièce fabriquée.

Selon les mots du CEO, leur présence au 4ème Forum de la FA de Berlin a permis à l’entreprise de faire ses débuts officiels dans l’industrie de la FA, d’avoir un aperçu de ce qui se passe réellement dans cette industrie et, plus important encore, de sensibiliser aux cas réels d’utilisation des matériaux composites à base de fibres sur le terrain. Alors que l’impression 3D en fibre-composite gagne actuellement du terrain, nous ne pouvons que prédire un futur prometteur de la société FEM-Composites.

Une autre entreprise qui complète cette liste est Herding. Cette société allemande a plus de 35 ans d’expérience dans la production de médias filtrants, de systèmes de dépoussiérage et de systèmes de filtration à usage industriel. Elle a fait ses débuts dans l’industrie de la FA il y a 5 ans, apportant un nouveau standard technologique à la FA métallique.

« Nous avons un rôle simple mais crucial : nettoyer l’air dans le système. Nous avons fourni des systèmes de filtration à diverses industries, notamment pharmaceutique, chimique et laser, mais pour l’instant, l’accent est mis sur la sécurité dans la manipulation des poudres métalliques réactives et sur la durabilité dans les processus périphériques ; et c’est quelque chose que Herding maîtrise », a déclaré Jörg-Armin Schulz, CSO/CMO chez Herding, à 3D ADEPT Media.

Parlant d’une application tangible de leurs produits et services, le CMO a mentionné une collaboration récente avec Additive Industries. Dans le cadre de cette collaboration, ils ont développé une solution sur mesure pour le processus de filtrage du système MetalFab1, le système de FA métallique du fabricant néerlandais. Conçu pour s’intégrer dans l’espace confiné de la machine, le filtre autonettoyant permet de filtrer parfaitement et d’extraire en toute sécurité les fumées de procédé des chambres du bâtiment.

Qu’en est-il des conférences ?

Outre les exposants, les conférenciers principaux ont également partagé les derniers développements technologiques de l’industrie.

La bio-impression a été l’un des points forts des conférences. Cette technologie stimule actuellement la R&D en médecine régénérative et aura un impact énorme à l’avenir. Bien sûr, nous sommes encore très loin de l’utilisation complète d’un cœur imprimé en 3D, mais les chercheurs et les entreprises comme Black Drop Biodrucker GmbH sont sur la bonne voie.

De plus, il était agréable de voir que les intervenants n’ignoraient pas ce qui se passe dans la société. Il a été enrichissant de mettre le sujet du Coronavirus sur la table et d’en parler dans le but d’éradiquer la peur et de rechercher des alternatives positives.

En ce sens, Bart Van der Schueren, CTO de Materialise & Stefanie Brickwede, directrice générale de Mobility Goes Additive ont encouragé les entreprises à tirer parti de cette période difficile.

« Il faut souffrir pour que les choses changent », a déclaré Mme Brickwede. Le nombre de décès dus au coronavirus dépasse les 6 500 dans le monde. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, l’industrie doit faire preuve de résilience et chercher de nouveaux moyens de se débarrasser de cette situation. « C’est là que la FA entre en jeu », poursuit M. Brickwede. « La FA dans la marine néerlandaise est née de la frustration et même dans cette situation, nous devons chercher de nouvelles façons de tirer parti de la FA ».

Dans cet ordre d’idées, une des opportunités qui se présente réside dans le type de marché que permet la FA. « La FA est un marché globalisé », a déclaré M. Van der Schueren, en parlant d’un marché à la fois mondial et local. « Je comprends la nécessité d’aller sur place, d’essayer, de voir avant d’acheter, mais pour l’instant, ce n’est pas une alternative viable. La seule alternative viable et positive est la capacité de produire localement et à la demande, et c’est quelque chose que la FA est particulièrement bien placée pour offrir », conclut le CTO de Materialise.

Enfin… ?

Si ce n’était la pandémie actuelle, IPM AG aurait réuni 1200 participants mais a réussi à rassembler environ 600 participants à Berlin, exposants, orateurs et participants confondus. C’est un chiffre auquel personne ne s’attendait. Pour de nombreuses entreprises telles que le fabricant d’imprimantes 3D RPS Ltd et le prestataire de services d’impression 3D 3Faktur qui ont fait leurs débuts sur le salon cette année, ces statistiques seraient considérées comme faibles mais la réalité montre que AM Forum Berlin reste un réel succès car il rassemble des visiteurs de grande qualité, ce qui n’est pas toujours le cas lors des autres conférences de la FA. Une chose est sûre, AM Forum est sur la bonne voie pour devenir une conférence européenne dans le secteur de la FA.

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