La Bavière et le monde
Avec le bouleversement mondial des systèmes politiques et des marchés, et leur impact sur les chaînes d’approvisionnement internationales, il n’y a pas de meilleur moment pour que les entreprises industrielles, le monde universitaire et les autorités s’assoient et discutent de la manière dont ils peuvent unir leurs forces pour le bien de l’industrie de la FA. Toutefois, le défi réside ici dans leur capacité à prendre des mesures qui peuvent bénéficier aux pays, en dehors de leur sphère d’expertise. Discuter de cette question a été un enjeu majeur de la deuxième journée d’AMTC.
Si vous nous lisez pour la première fois, sachez qu’AMTC est une conférence de niveau C dédiée à la fabrication additive. Organisée par Oerlikon et l’Université technique de Munich (TUM), cet événement est devenu une plateforme qui favorise la synergie indispensable entre les parties prenantes fondamentales à la viabilité et au développement des technologies de fabrication additive. C’est un sujet qui a été abordé dans le cadre de diverses activités menées le premier jour de l’événement.
La session d’accueil du deuxième jour a été marquée par les discours inspirants des membres du Cluster de FA bavarois, qui sera bientôt constitué, après que la présidente de l’État de Bavière, Ilse Aigner, a souligné le rôle des autorités dans le progrès technologique et la manière dont la politique bavaroise est profondément ancrée dans l’engagement en faveur des innovations.
S’il n’a pas manqué d’évoquer les défis actuels (paix sociale, énergie, etc.) auxquels sont confrontés les pays européens et américains et le rôle crucial que la Chine peut jouer dans la résolution de certains d’entre eux, Thomas Hoffmann, président de l’Université technique de Munich, a rapidement souligné que les acteurs de l’industrie devaient rester attentifs aux questions qu’ils ont le pouvoir d’aborder : le fossé qui doit être comblé entre les universités des différentes régions, entre les universités et l’industrie et le travail essentiel qui doit être réalisé en termes de transfert de la recherche.
Le professeur Michael Süss, président exécutif d’Oerlikon, affirme qu’il est aujourd’hui essentiel de s’engager dans une coopération au sein de l’industrie afin de passer d’une niche à une industrie à grande échelle. Par conséquent, la question de savoir où l’industrie de la FA se positionne en tant que moteur de la société s’impose comme un axe pertinent à considérer pour les prochains rassemblements à venir. Pour le professeur Süss, les qualifications sont un élément essentiel à garder en mémoire, car une grande partie du conservatisme des industries est basée sur la nécessité d’être fiable à 100% pour éviter tout accident.
Ces exposés introductifs ont été suivis de la cérémonie de signature qui a marqué le lancement du cluster de FA bavarois, créé par Siemens, Audi, MTU, EOS, Linde, GE Additive, Oerlikon et TUM – une signature que nous avons couverte ici.
Coopération internationale : FA à travers le monde
Peter Koerte, directeur de la technologie et de la stratégie chez Siemens AG, a partagé une approche très pragmatique sur trois problèmes principaux qui ont un impact sur le flux de travail, depuis la conception jusqu’à la fabrication, et sur la manière dont la FA peut jouer un rôle clé pour les résoudre. Ces problèmes comprennent le changement climatique, les conflits et les conséquences actuelles de la pandémie de Covid-19. Ces défis recentrent le débat sur la nécessité d’amplifier la coopération transfrontalière entre les acteurs de la FA. La pandémie en cours, la guerre en Ukraine et la crise climatique sont des problèmes qui ont un impact sur l’écosystème de la FA et la chaîne d’approvisionnement dans les industries verticales.
L’une des façons d’y faire face est d’appliquer une production décentralisée, se rapprochant ainsi des objectifs de durabilité. La résilience de l’industrie et le développement d’applications contribueront finalement à stimuler l’industrialisation et l’internationalisation de la FA. À cet égard, Francisco Betti, responsable de la fabrication avancée et membre du comité exécutif du Forum économique mondial, a affirmé qu’une visibilité sur tous les continents est encore nécessaire. Pour Lionel Lim, du Conseil de développement économique de Singapour, l’Amérique et l’Europe ont un rôle majeur en tant que leaders, mais l’Asie devrait jouer un rôle plus important à l’avenir en s’inspirant de ces régions. L’un des atouts de Singapour est le soutien de ses politiques gouvernementales ; c’est l’une des raisons pour lesquelles Siemens y a établi son Advance Manufacturing Transformation Centre.
D’autre part, le Dr Nicholas Deliyanakis, chef d’unité adjoint, a souligné le travail de l’Europe dans la commercialisation de technologies spécifiques telles que la FA. Selon Deliyanakis, cette commercialisation a été favorisée grâce à l’Institut européen de technologie (IET) et aux projets menés pour renforcer l’industrialisation de la FA. Dans cette optique, EIT Manufacturing, une communauté d’innovation au sein de l’IET, relie les acteurs de la fabrication en Europe en permettant le développement des infrastructures, des compétences et du financement.
L’accent mis sur la recherche : le cadre indispensable pour favoriser un réseau de collaboration internationale
D’un point de vue technologique, les sujets au cœur de la R&D sont souvent les mêmes. Katrin Wudy, par exemple, professeur de fabrication additive par laser à l’université technique de Munich, travaille sur la productivité, les nouveaux matériaux de fabrication additive et les nouvelles applications. Wudy estime que le monde universitaire a également un rôle à jouer dans la recherche de solutions aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement et que ce rôle pourrait être plus tangible s’ils travaillent main dans la main avec les entreprises industrielles. Parmi les autres sujets d’intérêt, citons le suivi du processus de détection des défauts et son impact sur l’efficacité de la FA tout au long du pipeline.
« Parfois, une entreprise est confrontée à un problème, et nous avons les capacités de le résoudre. Ce qui peut manquer, ce sont les ressources financières nécessaires pour le faire», ajoute Markus Bambach, professeur de fabrication avancée à l’ETH Zürich.
D’un point de vue commercial, un regard sur les activités des professionnels de la R&D à travers le monde révèle des similitudes et des disparités dans leurs processus de travail. Pour favoriser la collaboration internationale entre les universités, par exemple, les possibilités offertes à tous les étudiants peuvent également stimuler la coopération entre des régions dont le système de financement n’est pas toujours équilibré. L’Allemagne et la Suède peuvent avoir des processus de financement de la recherche similaires, mais ils sont très différents de ceux de la Suisse.
Pour le professeur John Hart du Massachusetts Institute of Technology, il faut diversifier les sources potentielles de soutien. En effet, tant les entreprises industrielles que le gouvernement fédéral et les fondations privées peuvent matérialiser une collaboration plus forte. Ces parties prenantes externes peuvent, d’une certaine manière, aider à prévenir la réaction aux événements géopolitiques qui définissent à bien des égards le moment où l’industrie doit s’adapter à certaines conditions.
Un aperçu des industries verticales adoptant les technologies de FA dans les différentes régions
Le débat entre le professeur Johannes Henrich Schleifenbaum, de la RWTH d’Aix-la-Chapelle, et le professeur Christian Seidel, de l’Université des sciences appliquées de Munich, a mis en lumière les perspectives de diverses industries verticales adoptant les technologies de FA. De manière surprenante, une discussion sur les principaux secteurs qui favorisent l’accélération de la FA métal au niveau mondial révèle que l’industrie automobile occupe la troisième place. Compte tenu du nombre d’applications couvertes par l’industrie automobile, nous aurions placé ce secteur vertical en tête de ce sondage. Nos pensées ont été confirmées par le professeur Seidel qui a déclaré qu’il y a un écart entre les rapports de l’industrie et les chiffres indiqués dans le sondage. Les exemples tendances dans l’industrie aérospatiale peuvent biaiser ce qui se passe réellement dans la production automobile. « L’industrie automobile est un marché qui peut tirer parti des avantages de la FA en termes de production de masse« , ajoute-t-il.
Même si l’industrie des soins de santé ne fait pas partie de ce sondage, il convient de noter que les organisations européennes et américaines investissent beaucoup de ressources pour promouvoir les applications de FA dans ce secteur. Le fait est que la FA soulève toujours un débat sur la production en série d’implants imprimés en 3D et leur incorporation dans le corps, d’où son absence dans ce sondage.
Enfin, le panel a mis l’accent sur le fait que l’utilisation des matériaux doit permettre aux utilisateurs de la FA d’atteindre les objectifs de durabilité. Aussi, la collaboration entre plusieurs parties prenantes ne devrait pas se limiter à un partage de connaissances, elle devrait aussi permettre de normaliser l’utilisation des matériaux afin que l’industrie de FA puisse atteindre son plein potentiel. Avec le fort développement des applications de FA métal dans le secteur de l’aérospatial et celui de la santé, il devient primordial de penser à des normes qui protègent ces innovations au sein des régions, sans que cela ne soit pour autant un frein, si elles doivent s’exporter au niveau global.
N’oubliez pas que vous pouvez poster gratuitement les offres d’emploi de l’industrie de la FA sur 3D ADEPT Media ou rechercher un emploi via notre tableau d’offres d’emploi. N’hésitez pas à nous suivre sur nos réseaux sociaux et à vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire : Facebook, Twitter, LinkedIn & Instagram !